Foire - Frieze London 2025
Mélinda Fourn, Il n'y aura plus que des cendres V, 2025. Photo : Nicolas Brasseur.
15-19 octobre 2025, Regent's Park, Londres
À l'occasion de Frieze London 2025, Selebe Yoon a le plaisir de présenter un stand duo avec les œuvres de l'artiste franco-béninoise Mélinda Fourn et de l'artiste franco-guadeloupéenne-congolaise Naomi Lulendo dans la section Echoes in the Present, sous le commissariat de Dr Jareh Das.
Dans la pratique de Mélinda Fourn(née en 1995), la question du patrimoine, de la transmission des savoir-faire traditionnels et des enjeux liés au corps, au bijou et à l'ornementation joue un rôle fondamental. À l'occasion d'Echoes in the Present, l'artiste conçoit une série de sept sculptures, intitulée "Il n'y aura plus que des cendres", qui évoque les expériences de perte, de deuil et enfin de métamorphose, entremêlées à une existence entre deux continents. Chaque sculpture est composée d'une base circulaire en poterie, provenant de pots de cuisine asanka qu'elle a recueillis dans le village ghanéen Afari des femmes potières, tandis que la partie supérieure révèle les propres céramiques de l'artiste fabriquées en France. Dans une tension entre équilibre et fragilité, violence et délicatesse, les structures en forme de colonnes rappellent les piles de bols sur les marchés du Ghana, culminant avec des jarres sombres ornementées, couchées ou debout. Des perles en verre recyclé fabriquées par l'artiste, des cheveux synthétiques, du textile cousu par ses mains, des cordes, des chaînes, un cadenas trouvé sur un pont parisien renommé, des feuilles de bananier de Kumasi - tous ces éléments enveloppent les sculptures dans un acte bienveillant, liant des composants provenant à la fois de France et d'Afrique de l'Ouest. Comme l'artiste récupère des pièces jetées dans les ateliers de potiers, cette pratique d'assemblage lui permet à la fois de dissimuler et de réparer les parties considérées comme défectueuses, contrecarrant ainsi la fonction initiale de l'objet. Chaque sculpture devient une métaphore humaine, où au renouveau succède le désespoir puis l'espoir. "Isaiah 43:26" est une pièce suspendue distincte, dont les motifs alternés et les tons ocre variés font écho au tissu traditionnel Kenté, fait de sachets de thé séchés et vidés, avec des extraits de poèmes écrits par l'artiste. En transformant la couture en sculpture, Mélinda Fourn tente de guérir non seulement le jetable et l'oubliable, mais aussi de célébrer la fragilité par la réparation.
Naomi Lulendo, Panorama (Les Ombres) II, 2025. Photo : Nicolas Brasseur.
Naomi Lulendo (née en 1994) sonde les symboles de différents espaces géographiques pour comprendre leur lien avec un territoire donné, qu'il soit réel ou fantasmé. Ses œuvres en puzzle de la série"Belle de..." révèlent son propre corps photographié et déformé, fondu dans l'arrière-plan et absorbé par des motifs floraux. Ces œuvres sont ancrées dans l'iconographie des figures aquatiques et fluviales archétypales que sont les naïades, les sirènes et les Mami Wata, avec l'idée d'une identité ambivalente ou cachée. Évoquant des événements célestes, chaque figure révèle un état - des états d'être qui incarnent la beauté du monde, son apogée ou son déclin. Le jeu de textures visuelles souligne également la dimension textile et historique des images créées, puisque chaque fond est un fragment d'Indienne, un type de tissu de coton originaire d'Asie, en particulier d'Inde, autrefois très prisé pour la qualité de sa confection et de ses couleurs, qui a contribué à l'essor économique de l'industrie textile en Europe, notamment au Royaume-Uni et en France. Comme s'il fondait, le corps de Naomi Lulendo devient un élément ornemental de l'image, entièrement imbriqué dans l'arrière-plan, rappelant l'exploitation massive des corps noirs comme fondement de l'expansion de l'industrie textile occidentale. Chaque représentation de son corps est sujette à des problèmes d'impression–des glitches–qui brouillent les frontières entre le fait main et le numérique. Parfois, une seule pièce de puzzle manquante indique discrètement que l'image n'est pas complète et invite à jouer avec les possibilités. Par un jeu sur la perception, tant formelle qu'historique, la série vise avant tout à tendre un miroir à notre relation aux écrans, aux mythes et aux héritages collectifs. Dans les peintures de la série "Panorama (Les Ombres)", l'artiste compose des paysages à la fois familiers et déroutants, jouant sur la frontière perplexe entre espaces intérieurs et extérieurs. Ils évoquent les fenêtres et les parpaings, éléments architecturaux associés à des lieux tels que la Guadeloupe ou le Sénégal, offrant un regard méditatif sur un ailleurs. Attirée par la phase initiale du nigredo (le noir spirituel en alchimie), Lulendo considère le noir non seulement comme une couleur contenant tout le spectre chromatique - ainsi, la surface calcinée de ses œuvres fait allusion à un lieu entre l'anéantissement et la renaissance, tandis que la lumière réfléchissante appelle doucement à la surface des motifs floraux dissimilés.
Ensemble, les deux artistes réfléchissent à la possibilité d'un renouvellement et d'une transformation, expérimentée au cours d'une vie.
HEURES D'OUVERTURE FRIEZE LONDON
Preview mercredi 15 octobre : 11h00 - 19h00 (sur invitation uniquement)
Jeudi 16 octobre : (membres et sur invitation uniquement) 11h00 - 13h00 / (admission générale) 13h00 - 17h00
Vendredi 17 octobre : 11h00 - 19h00
Samedi 18 octobre : 11h00 - 19h00 11h00 - 19h00
Dimanche 19 octobre : 11h00 - 18h00