1er décembre 2023 - 9 mars 2024
Vertigineuses
Shahrzad Changalvaee - Melinda Fourn - Naomi Lulendo - Attandi Trawalley - Nelly Zagury
Organisée par Jennifer Houdrouge et Clara Darrason
Vertigineuses
Pour la 12ème édition du Partcours, Selebe Yoon a le plaisir de présenter “Vertigineuses” une exposition collective conçue en co-commissariat par Jennifer Houdrouge et Clara Darrason, avec les artistes Shahrzad Changalvaee, Mélinda Fourn, Naomi Lulendo, Attandi Trawalley et Nelly Zagury.
L’élévation ou la tentation du monumental, suscitent une euphorie que la possibilité de chute ne peut réfréner. « Vertigineuses » propose un circuit aux accents de réalisme magique, chacune des artistes puisant autant dans des savoir-faire artisanaux, l’imagerie populaire, que dans des contes issus de récits collectifs, ou encore d’histoires personnelles provenant de géographies croisées. Selebe Yoon prend la forme d'un jardin suspendu dans lequel les artistes tracent, creusent, font mûrir et pousser des œuvres qui existent à l’intersection de l’intime, du quotidien, du domestique mais aussi du surnaturel, de l’onirique, et de l’érotisme.
Une créature en cheveux synthétiques fait irruption dans les escaliers de Selebe Yoon et se hisse sur plusieurs mètres de hauteur. Crochetant à la main cette capillarité factice, Attandi Trawalley évoque une gestuelle de l’intime, du deuil et du renouveau qui se monumentalise avec démesure et convoque les souvenirs de l’enfance et un désir de rétablir un lien.
Nelly Zagury déploie comme dans l’opéra de ses rêves, des peintures de corps féminins en renaissance et de figures félines anthropomorphiques dans des jaillissements de couleurs et dorures. Elle présente également une fontaine en métal peint et aux jets d’eau oviformes - une ode à la matrice et la souveraineté de l’acte créateur.
Shahrzad Changalvaee, artiste-activiste pour l’égalité et la libération des femmes en Iran, déploie « Everything Is Crystal Clear » - une installation in-situ représentant un rivage salin d’où surgissent des images trouvées où s’entremêlent histoires, souvenirs et traumatismes. Utilisant du sel et du sable d'origine locale, elle construit un environnements immersif - un paysage abstrait et dispersé. Les cristaux acides et corrosifs du sel dont les femmes ont souvent fait leur commerce dans la région, animent par leur scintillement des peaux blessées, des poings levés, des doigts aux injonctions variées, des mains enlacées - des gestes qui construisent, sévissent ou libèrent.
Mélinda Fourn fait apparaître une sculpture en métal et céramique à l’apparence d’un satala - bouilloire en forme de théière, souvent en plastique, répandue dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest – qu’elle extrait de ses fonctionnalités. Elle le transforme en objet à la domesticité débridée tant par sa dimension, son comportement sensoriel inattendu que ses ornements joailliers. Du Sénégal, au Ghana, jusqu’au Burkina Faso, elle interroge la symbolique sociale et religieuse des outils du quotidien et les nouveaux usages pratiques qui se développent au fil du temps.
Naomi Lulendo dresse un ensemble de sculptures totémiques en métal, céramique, béton et vannerie, évocatrices de la figure du Potomitan - une expression créole qui désigne la femme considérée comme le pilier de la famille mais aussi la colonne centrale du temple vaudou, intermédiaire entre le monde matériel et spirituel. Colonne ou corps, le potomitan comme architecture et personnification, représente aussi pour l’artiste un hommage à la figure maternelle.
Dans « Vertigineuses », les artistes déploient des formes voluptueuses des paysages étourdissants bâtis de leurs mains qui révèlent les chemins qu’elles ont parcourus pour façonner leur propre histoire sur les fondements d’identités et récits héréditaires, de territoires qu’elles abordent par la distance, le souvenir et le voyage. Chacune dévoile à Selebe Yoon pour la première fois, des œuvres qui transposent leurs rêves et visions à leur véritable échelle. Oracles contemporaines, leur chant ne se veut pas prophétique mais audible par-delà les confins de l’intime, assouvi, légitime et sororal.
À propos des commissaires :
Co-directrices de The Chimney (2015-2020), une galerie d'art contemporain à Brooklyn, New York, Jennifer Houdrouge et Clara Darrason ont développé un programme axé principalement sur des commissions d’installations in-situ oeuvrant pour une revitalisation d'anciens espaces industriels. Elles ont travaillé pendant cinq ans avec plus de 70 artistes dans le cadre de 31 expositions, et trois festivals (performances & vidéos).
Droit d'auteur du texte : Selebe Yoon
Biographie
Shahrzad Changalvaee (née en 1983 en Iran) est une artiste et une activiste.
Elle est titulaire d'une licence en design graphique de la faculté des beaux-arts de l'université de Téhéran (2006) et d'un master en sculpture de l'université de Yale (2015). Depuis 2023, elle est intervenante à Cooper Union et RISD. Changalvaee est cofondatrice et codirectrice de From : Iran, une plateforme féministe qui documente le paysage sociopolitique de l'Iran et lutte pour un changement radical.
La pratique de Changalvaee répond à la sculpture dans un vaste champ de médiums, y compris l'installation, la vidéo, la photographie, le texte, la performance ainsi que l'activisme.
Ses œuvres remettent en question le contexte des sujets traités par de nombreux artistes immigrés ou individus fluides, des sujets tels que le local et le global, l'information et les anecdotes, le déplacement et l'ajustement, l'intérêt et l'urgence, le privilège et le progrès. À travers l’injonction, le souvenir, les gestuelles symboliques, elle travaille sur une variété de supports temporels à la recherche d'apparences douteuses de liberté, de contrôle et de mal.
Les œuvres de Changalvaee ont été présentées dans de nombreuses expositions aux États-Unis, au Moyen-Orient et en Europe, notamment ses expositions personnelles " In Absentia, in Effigie " à The Chimney, New York (2019) et à NADA Foreland avec la galerie Golestani, Catskills, New York (2023).
Le travail de Shahrzad a été présenté dans plusieurs expositions collectives, notamment A feast of friends », Golestani Gallery, Düsseldorf, Germany (2022); “The Understandables Always Arrive From Far Away” (2018), Soho20, Brooklyn; “You Cannot The Same River Twice” (2016), O Gallery, Tehran, Iran; "Ksi, Ein and An, A love Story"(2015), VSC Gallery, SVA (School of Visual Arts), New York, USA; “Future Remnants of a Missing Word” (2016), Meyohas Gallery, New York, USA.
Changalvaee vit et travaille à Brooklyn, New York.
Melinda Fourn (née en 1995 en France) est une artiste pluridisciplinaire d'origine franco-béninoise.
Des savoirs-faire artisanaux d’Afrique de l’Ouest à travers les bijoux, le métal, la céramique et le tissage, ses sculptures et installations multimédia interrogent la symbolique sociale et religieuse des outils du quotidien. Elle est diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2021 et a effectué un programme d'échange à la Kwame Nkrumah University of Science and Technology à Kumasi, au Ghana (2020). Elle a participé à plusieurs expositions collectives : “The Fire of Origins”, Biso Biennale, Ouagadougou, Burkina Faso (2023); " Diversi-T ", Kosmokey, La Cité Fertile, Pantin, FR (2023) ; " Intention ", Azz-Art, Paris FR (2022); ; " Pièce, Habitation, Abri... ", Musée Delacroix, Paris, FR (2022) ; " Restitution" à l'Institut Français, Saint Louis, SN (2022) ; " 100% l'Expo ", La Vilette, France (2022), entre autres. Elle a bénéficié de plusieurs résidences, notamment à Selebe Yoon, Dakar (2023) et à la Villa Saint-Louis Ndar (2022), à ArtMéssiamé à Lomé, au Togo (2021), à Green Patch Ceramics, à La Borne, en France (2021) et à Casa Lü, à Ttlaplan, au Mexique (2019).
Elle vit et travaille entre Paris (France), Kumasi (Ghana) et Dakar (Sénégal).
Naomi Lulendo (née en 1994, France) est une artiste française d’origine guadeloupéenne et congolaise basée à Dakar, au Sénégal. D'origine multiculturelle, l'artiste a voyagé entre les Caraïbes et la France pendant toute son enfance. À partir de la photographie, de la céramique, de l'installation et de la vidéo, elle utilise dans son travail le concept de “détournement" des mots, des significations, des objets et de l’identité.
Naomi Lulendo est titulaire d'un DNSEP de l'école des Beaux-Arts de Paris (2018). Tout au long de cette formation, Pascale Marthine Tayou est devenu son mentor. Naomi Lulendo a réalisé deux expositions personnelles : "Bleu Miroir" à l’Agence Trames à Dakar (2021) ; "Faites vos Je" aux Beaux-Arts, Paris (2018).
Son travail a été inclus dans plusieurs expositions collectives : « Dérives en péninsule » à l’Atlas, Paris, France (2023); "D'ailleurs je viens d'ici" sous la direction de Sandrine Honliasso et Ariane Leblanc, à la Comédie de Caen, Normandie, France (2021) ; "On fait des dessins dans la terre" sous le commissariat d’Eva Barois de Caevel, Galerie 31Project, Paris (2021) ; "L'heure rouge" , 14e Biennale OFF de Dakar, Galerie Le Manège, Dakar (2018) ;
"Extrangers", Tevere Art Gallery, Rome, Italie (2017) ; "Explosition", Chapitre 2 à la Galleria Continua, les Moulins, France (2016) ; "Transmissions, Recréation, Répétition" sous le commissariat de Sarina Basta au Palais des Beaux-Arts, Paris, France (2015) ; "Explosition", Galerie l'Amour, Bagnolet, France (2015) ; "Transition" organisé par Anaïs de Senneville and Aurélie Tiffreau at Galerie L'inattendue, Paris (2015) ; "Ici au lieu de là-bas, Maison des
ensembles, Paris (2014).
Naomi Lulendo a également réalisé plusieurs performances publiques, notamment « Archi(s)pell » dans le cadre du FAR Away Festival à Le Frac, Reims, France (2023); à Bétonsalon, Centre d'art et de recherche, Paris, France (2020); Galerie Allen (2019); Raw Material Company, Dakar, Sénégal (2018).
En 2021 elle fait partie des artistes sélectionnés par le Zeitz MOCAA (Afrique du Sud) pour rejoindre "Unfinished Camp", un réseau international d'artistes et de neuf institutions artistiques sur six continents, conçu et dirigé par Hans Ulrich Obrist et András Szánto. Elle a également été résidente à la Raw Academy pour la cinquième session, dirigée par l'artiste Otobong Nkanga; et à l’Agence Trames, Dakar (2021).
Attandi Trawalley (née en 1996, Prétoria en Afrique du Sud) est une artiste multidisciplinaire sud-africaine.
Diplômée de la Villa Arson à Nice, elle développe un travail artistique à la croisée de l’installation, de la performance, de la sculpture, de l’image et de l’édition. Elle s’intéresse aux pratiques de soins, de réappropriation de soi, et aux notions de transmission et de quotidienneté des gestes, à travers une exploration des subjectivités féminines noires et des récits familiaux fragmentés. En assemblant son travail, Attandi soulève des questions sur le sens de soi d’un individu à l’intérieur et à l’extérieur du collectif.
En 2023, elle présente sa première exposition personnelle «Care as a Color » au Consulat, Voltaire.
Son travail a été inclus dans plusieurs expositions collectives, notamment : "Terminus Mutations ", La Villa Arson, Nice, France (2022) ;
" Postcorps ",le Centre de Création Contemporaine Olivier Debré, Tours, France (2022) ; " Gestuelle émotive : vestige de soi", Le génie de la Bastille Gallery, Paris, France (2021) ; Centre Wallonie, Bruxelles, Belgique (2021) ; LABO DÉMO FERMÉ 24/24 7/7 Paris, France (2021) ; Straight Lick - exposition digitale (2020).
Son travail sera présenté dans l'exposition collective " 100% " à La Villette, Paris, France en 2024.
Elle vit et travaille à Paris, France.
Nelly Zagury (née en 1987 à Paris) est une artiste française. Issue d’une famille aux cultures méditerranéennes multiples - marocaine, française et grecque - elle partage dans son travail une expérience de la féminité qui transcende l’imaginaire exotique et orientaliste. En quête de réenchantement, ses peintures et sculptures mettent en scène des héroïnes mystiques et puissantes.
Zagury a obtenu sa maîtrise à la HEAR (Haute École des Arts du Rhin) à Strasbourg et a étudié le design de bijoux et d'accessoires de mode à la HEAD (Haute École d'Art et de Design) à Genève. Après avoir travaillé à Paris pour une maison de haute couture et dessiné des bijoux pour Chanel et Boucheron, elle s’installe à New York pour concevoir les costumes du film opéra River of Fundament de l’artiste américain Matthew Barney. Elle est la cofondatrice de la marque de bijoux en impression 3D Holy Faya (2014-2018) avec le soutien de LVMH et d'artistes tels que Rashaad Newsome, Demi Lovato et FKA Twigs. Entre 2018 et 2020, Zagury s’installe à Los Angeles où elle travaille avec l’artiste sud-africain Simphiwe Ndzube (Stevenson Gallery Cape Town, Nicodim gallery Los Angeles, Museo Kaluz Mexico) et développe Songs Of My Fantasy, un opéra fantasmagorique en deux actes sous la forme d’un recueil de poèmes, de peintures et de sculptures.
Ses œuvres ont été exposées dans des institutions majeures françaises parmi lesquelles : le MAD Museum, Musée des Arts Décoratifs, Paris ; le Palais Royal (Ministère de la Culture et de la Communication), Paris ; le Musée Historique, Strasbourg ; le Musée de l’Œuvre Notre-Dame, Strasbourg.
Le travail de Zagury a fait l’objet d’expositions personnelles, dont : « Sisters Of The Sea », Align Gallery, Los Angeles (2019) ; «Songs Of My Fantasy », Brewery Art Complex, Los Angeles (2019) ; «Holy Faya: The Black Crook Grand Premiere », The Chimney, New York (2016); « Sunset Split», 22ruemulllet, Paris (2013).
Zagury a également participé à des expositions collectives, dont : «In Her Element», Mash Gallery, Los Angeles (2023) ; « The Erotic Impulse In The Ever Becoming Universe», Mash Gallery, Los Angeles (2022); « Every Woman Biennal», Superchief Gallery NFT, New York (2021); « Holding Space», Big Pictures Los Angeles (2019) ; «I’ve always imagined that paradise would be a kind of library», Blake and Vargas, Berlin (2019); The Chimney, New York (2019); «The Crew II», Matthew Barney Studio, New York (2014); «La Peau de l'Ours» au Musée zoologique, Strasbourg, 2011.
Zagury a été résidente à Selebe Yoon, Dakar, Senegal (2023) ; Massa Stories, Agadir, Maroc (2022) ; Le Wonder, Paris, France (2022).
Elle vit et travaille à Paris, France.