20 mai 2021 - 31 juillet 2021
Kevin Rouillard
Taqale [taqalε] v.t < taq. Accoler, Souder, se Débrouiller
Selebe Yoon is pleased to present « Taqale [taqalε] v.t < taq. Accoler, Souder, se Débrouiller » , a solo exhibition by French artist Kevin Rouillard, following a 3-monthsresidency. The exhibition will be held across two sites: in the urban space on Avenue Hassan II - one of Dakar’s busiest shopping streets and at the gallery.
Depuis plusieurs années, Kevin Rouillard aplatit, martèle et soude des bidons métalliques - récipient de marchandises sur lequel repose notre monde globalisé. À Dakar, l’artiste découvre des matériaux en fin de vie, érodés et souillés, utilisés presque à l’épuisement - un contraste avec ceux utilisés en France. Se retrouvant en fin de chaîne avec des matériaux fatigués, la débrouille – mode de fonctionnement pour la plupart – le devient aussi pour l’artiste. Tel un ouvrier, Kevin Rouillard répète le même geste ardu de pièce en pièce: coupe, découpe, martelage et soudure sont les opérations qui composent son mantra mécanique. Par ce rituel de labeur, dans une gestualité qui frôle l’absurde, un sens se déploie pour lui. Cette redistribution de nouvelles formes des matériaux de seconde main les libère de leurs fonctions utilitaires. Temps d’arrêt pour ces objets de transit. Pure contemplation de forme et de couleur pour le spectateur.
À cinq mètres de haut, sur l’emplacement d’un panneau publicitaire du magasin de grande distribution Casino, la première pièce publique de l’artiste est accrochée dans un lieu symbolique: proche du port de Dakar, elle remplace temporairement l’affiche d’un magasin qui reçoit quotidiennement de nombreux conteneurs de marchandises. Après son premier Billboard exposé au Palais de Tokyo à Paris en 2020, cette nouvelle version faites de 3 colonnes de fûts bleus, s’insère dans le paysage urbain parmi de nombreuses enseignes commerciales. Par un processus de soustraction des étiquettes collées à la surface des fûts, l’artiste révèle des formes muettes qui suggèrent l’histoire des matériaux tout en l’effaçant. Le panneau publicitaire se transforme ici en un paysage silencieux, un écran vide dédié à l’imaginaire de chacun. « Un phare visible de loin » comme le nomme l’artiste.
À la galerie, les visiteurs sont immergés dans un panorama de tableaux faits de fûts rouges, bleus et verts. De cet ensemble découle une logique rationnelle, une méthode modulaire qui se déploie selon des règles préétablies par l’artiste: réaliser vingt-huit pièces d’un mètre carré composées de huit morceaux de tôles sur deux colonnes avec trois couleurs à disposition. Sur ces formes géométriques répétitives reposent les détails accidentels de chacune. Les empreintes uniques d’oxydations, de déformations, de rayures, de variations tonales sont des témoins de leur passé.
L’artiste commence à utiliser des tonneaux en métal en 2016, lorsqu’il découvre le système d’envoi par la diaspora de fûts de la France vers le Cap Vert, pays d’origine de l’artiste. Depuis, ces œuvres n’ont de cesse de soulever de nouvelles problématiques conceptuelles au fil de chaque projet. À Dakar, quel est le sens d’ériger une œuvre quasi-architecturale faites de matériaux omniprésents dans les capitales d’Afrique de l’Ouest, qui rappellent inlassablement l’optimisme économique croissant des regards venus d’ailleurs ? Quelle différence de lecture aura le visiteur qui observe volontairement l’œuvre en galerie avec le soutien explicatif d’un texte, et le passant qui, malgré lui, entrevoit depuis le trottoir cet objet flottant, dont il ignore la dénomination en tant qu’œuvre d’art ? Pour Kevin Rouillard, l’art est un prétexte pour se poser des questions, sans prétendre y répondre…
Œuvres
Biographie de l'artiste
Kevin Rouillard
Kevin Rouillard (1989, Vendôme) est un artiste français qui s'interroge sur la relation des objets au contexte et au système de valeurs.
Kevin Rouillard (né en 1989, Vendôme) est diplômé avec mention de l'ENSBA à Paris en 2014. Il a récemment présenté une exposition personnelle au Palais de Tokyo, "Le Grand Mur" (2020), après avoir reçu le prix SAM en 2018. Il a participé au 60e Salon de Montrouge et au prix de la Villa Emerige (Empiristes) en 2015. La même année, il a également remporté le prix de la Fondation François de Hatvany. En 2016, son travail a été inclus dans l'exposition "Distopark" au Confort Moderne de Poitiers, et "Le Nouveau monde industriel" dont le commissaire est Nicolas Bourriaud à la Galleria Continua / Les Moulins. Il a eu plusieurs expositions personnelles à la galerie Thomas Bernard à Paris ainsi qu'à l'Assaut de la ménuiserie à Saint-Etienne (2017), à The Chimney à New York (2017) et à la Junqueira à Lisbonne (2018).