IM/MOBILE

Mbaye Diop, Pap Souleye Fall, Tabita Rezaire, Bibi Seck, Bassirou Wade

IM/MOBILE 

Mbaye Diop, Pap Souleye Fall, Tabita Rezaire, Bibi Seck, Bassirou Wade 

29 novembre 2025 - 28 février 2026

Vernissage le 29 novembre - 15h-21h 

Selebe Yoon a le plaisir de présenter Im/mobile, une exposition collective qui réunit les œuvres de Mbaye Diop, Pap Souleye Fall, Tabita Rezaire, Bibi Seck et Bassirou Wade. Entre réalité urbaine et imaginaires alternatifs, cette exposition explore l’usage de la fiction spéculative comme outil de réflexion sur la mobilité: des dynamiques de déplacements dans les capitales ouest-africaines et circulations intercontinentales, aux désirs de conquête spatiale.    

De la mobilité terrestre à la propulsion céleste, dans un saut de la réalité à la fiction, Im/mobile met en exergue cette tension entre la réalité des déplacements limités des uns et le fantasme de la mobilité des autres, des micro déplacements sur un territoire circonscrit à un « planétarisme » excessif. Les œuvres, conçues avec des matériaux du quotidien sénégalais, ravivent les imaginaires populaires, et avec un certain humour et pragmatisme, proposent des alternatives. À la frontière du design, de l’utilitaire et du fantastique, Im/mobile interroge le pouvoir de la fabulation pour échapper à des contraintes politiques et physiques dans un monde où la surveillance des déplacements humains se fait autoritaire.   

Mbaye Diop présente “Pouss Pouss” (2024), un film d’animation en noir et blanc qui retrace le parcours quotidien d'un vendeur de café ambulant dans la capitale sénégalaise. L'artiste esquisse le parcours d'un personnage se déplaçant avec sa charrette sur roue, qui tente de se frayer un chemin dans une métropole tumultueuse. Il présente aussi “Espace Trépasse” (2021), un second film d’animation réalisé en collaboration avec Rémy Bender, qui raconte l’histoire de deux astronautes quittant le Sénégal. À l'instar des pirogues de pêcheurs détournées pour atteindre les côtes européennes, les astronautes embarquent à bord d'une fusée-pirogue, direction le ciel. Dans un style humoristique où mythe et rationalité se confrontent, l’œuvre évoque la dureté d’un contexte économique et social qui fait de la fuite vers l'Espace, le seul geste de liberté. 

Bassirou Wade, designer basé dans le quartier Niayes Thiokers à Dakar, transforme une moto importée de Chine en véhicule à trois roues, convertible en bateau avec comme ambition de rendre possible la navigation de la ville pendant la saison des pluies. Capable de s’insinuer sur la route, la moto-bateau est aussi capable de se catapulter sur l’océan. Constatant les dysfonctionnements urbains, Wade développe un prototype de design social, sensible aux problématiques spatiales et environnementales, susceptible de transformer le quotidien de la population, notamment pour les personnes à mobilité réduite, souvent marginalisée et absente des considérations politiques urbaines.  

Pap Souleye Fall conçoit une coquille d’arachide vide géante en matériaux récupérés comme du carton et des bidons tissés, utilisés pour transporter de l'essence, de l'huile et du savon.. La monoculture de l’arachide, implantée sur le territoire sénégalais durant la période coloniale a joué un rôle fondamental dans le développement de l’économie du pays, premier exportateur mondial au lendemain de son indépendance. À partir de cette histoire entre gloire économique et ressources exploitées, Pap Souleye présente cette sculpture comme un ”pixel mort”, une spéculation, une absurdité à l’intersection du digital et du physique. Déconcertante par son échelle, l’arachide devient dénudée de sa nature, affranchie de son pouvoir d’assertion historique et semblable à un vaisseau spatial prêt à décoller vers de nouveaux récits.

Alors qu’il est designer automobile chez Renault, Bibi Seck conçoit dès les années 1990, PAKKA CITY, une ville suspendue en altitude dans laquelle se réfugie une population en quête d’oxygène. À travers des sculptures, des animations et une série de dessins dans le style d’une bande-dessinée, Bibi Seck imagine un univers aéronautique fait de voitures volantes, de stations filtrant l’air pollué, d’architectures vernaculaires flottantes, dans lequel les dysfonctionnements des villes actuelles sont résolus à l’aune des inventions technologiques les plus sophistiquées.  

Enfin, Tabita Rezaire réalise en 2019 le film Mamelles Ancestrales à partir des architectures mégalithiques de la Sénégambie. Une installation circulaire de pierres encercle la projection au sol. À travers une série de témoignages d’astronomes, d’archéologues et d’habitants de la région, le film adresse les enjeux contemporains de la recherche spatiale, les confrontant aux savoirs populaires, aux croyances religieuses et aux pratiques mystiques. Il mêle les connaissances cosmologiques ancestrales aux savoirs scientifiques concernant les liaisons entre le ciel et la terre, le monde des vivants et des défunts.

Copyright du texte : Selebe Yoon

29.11.2025-28.02.2026

Programme public

Im/mobile : contre-récits de la conquête spatiale

Une proposition de Oulimata Gueye

Dates :

Mardi 9 décembre à 18 heures

Introduction par Oulimata Gueye.

Oulimata Gueye est une critique d'art et commissaire d'exposition sénégalaise et française qui enseigne la théorie à l'École des beaux-arts de Lyon. Son approche curatoriale est basée sur une recherche qui combine l'art contemporain, la littérature, la culture populaire et l'histoire des sciences et des technologies.

Discussion avec Tabita Rezaire & Pap Souleye Fall.

Jeudi 11 décembre 18h

Présentation par Joël Vacheron de son livre : Cosmovisions. Une étude visuelle des fondements coloniaux de l'exploration spatiale, (MētisPress, 2025). Joël Vacheron est docteur en sciences sociales, enseignant en études culturelles, chercheur associé à l'ECAL et co-fondateur du Centre culturel Afropea.

Discussion avec Mbaye Diop & Bibi Seck.

Biographies des artistes

Mbaye Diop

Morel Wichédé Sèdami Donou

Mbaye Diop est un artiste sénégalais. Il a obtenu un master en pratique artistique contemporaine à l'école HEAD de Genève en Suisse ainsi qu'aux Beaux-Arts de Dakar. 

Mbaye Diop est un observateur attentif des paysages urbains quotidiens et des formes architecturales du Sénégal, ainsi que des mouvements sociopolitiques qui redéfinissent sans cesse les liens existant entre le continent africain et l'Occident. De la vidéo à l'installation en passant par la performance et le dessin, la singularité de son travail réside dans l'utilisation exclusive et quasi obsessionnelle du noir et blanc, qui lui permet de neutraliser les scènes représentées. Son travail révèle les changements de paradigme à l'œuvre dans les sociétés africaines, notamment la dichotomie entre la tradition, les infrastructures urbaines et les nouvelles technologies qui tendent à transformer la vie collective et le rapport à l'environnement. Ses recherches dressent le portrait d'un pays en croissance continue, où s'entremêlent architecture coloniale, bâtiments délabrés et encombrements urbains. Sa conception de l'urbanité ouvre la voie à une véritable géographie des espaces de sociabilité dans la ville. 

En 2010, il est diplômé de l'École nationale des arts de Dakar et enseigne les arts visuels dans la ville de Saint-Louis jusqu'en 2019. Il vit et travaille aujourd'hui en Suisse et a obtenu un master en pratiques artistiques contemporaines à la HEAD Genève (Haute école d'art et de design) en 2022. Il a reçu le prix de l'UEMOA pour la Biennale de Dakar en 2022 ; et le prix URTI/UNESCO pour son projet radiophonique "Maam Kumba Bang" en 2023. Il a également été nominé pour le Norval Sovereign African Art Prize au Cap, en Afrique du Sud, en 2023.

Pap Souleye Fall

Pap Souleye Fall

Pap Souleye Fall est unx artiste sénégalo-américain qui explore le potentiel transmédia entre différents supports, notamment entre la sculpture, l'installation, la performance, le cosplay, les médias numériques et la bande dessinée. Ayant grandi au sein de la diaspora africaine, Fall définit leur approche comme non centrée sur l'Occident, créant des environnements immersifs joyeux qui évoquent l'imaginaire noir.  

Leur travail s'inscrit dans le contexte de la diaspora africaine. Issux de deux mondes et de deux cultures, Fall construit leur propre réalité entre les polarités de deux cultures très répandues. Ainsi, Fall s'est intéresséx à la manière dont l'art pouvait s'intégrer dans la vie quotidienne, en utilisant des matériaux communs pour explorer des thèmes tels que l'utopie, l'identité, les notions de masculinité, les africanismes et l'afro-futurisme. Leur pratique multidisciplinaire explore souvent les thèmes de la fiction spéculative. 

Iel est titulaire d'une maîtrise en sculpture de la Yale School of Arts de New Haven, aux États-Unis (2022), et d'une licence en beaux-arts de l'Université des arts de Philadelphie, aux États-Unis (2017). Iel a participé à de nombreuses expositions, notamment à l'ICA Maine, Maine, États-Unis (2025), à la Jack Barrett Gallery, New York, États-Unis (2025), à Blade Study, New York, États-Unis (2025), l'exposition des résidents de Black Rock ”Encounters”, au Centre Blaise Senghor, à Dakar, au Sénégal (2024), à la Yale Art Gallery, à New Haven, aux États-Unis (2022), au Yale Afro Centre, à New Haven, aux États-Unis (2022), à la Raw Material Company, à Dakar, au Sénégal (2022).

Tabita Rezaire

Studio Tabita Rezaire

Tabita Rezaire a développé une pratique multidisciplinaire qui explore les liens entre science, spiritualité et nouvelles technologies. Son approche combine des perspectives métaphysiques et politiques pour nous offrir de nouvelles façons de comprendre le monde. Embrassant la mémoire numérique, corporelle et ancestrale, elle puise dans l'imaginaire scientifique et les domaines mystiques pour s'attaquer aux blessures coloniales et aux déséquilibres énergétiques qui affectent les chants de notre corps, de notre esprit et de notre âme. Le travail de Tabita s'enracine dans des espaces-temps où la technologie et la spiritualité se confondent pour former un terrain fertile qui nourrit des visions de connexion et d'émancipation. À travers des interfaces numériques et des cercles de guérison, ses créations visent à favoriser notre croissance collective et à développer notre capacité à vivre ensemble. 

Tabita Rezaire est basée en Guyane française, où elle s'occupe d'AMAKABA, un centre consacré aux arts de la terre, du corps et du ciel. Les œuvres de Tabita Rezaire ont été exposées au Centre Pompidou, Paris ; au Palais de Tokyo, Paris ; au TBA, Madrid ; à la Serpentine Gallery, Londres ; au MASP, São Paulo ; au MoMa, New York ; au New Museum, New York ; au Gropius Bau, Berlin ; au musée MAXXI, Rome ; au Museum of Contemporary Art, Chicago ; au Museo d'Arte Contemporanea Donnaregina, Naples ; à l'ICA, Londres ; V&A, Londres ; National Gallery Denmark, Copenhague ; The Broad, Los Angeles ; MoCADA, New York ; Tate Modern, Londres ; Musée d'art moderne, Paris. Elle a participé à plusieurs biennales internationales (La Havane, Gwangju, Sydney, Shanghai, Athènes, Vienne, Kochi, Berlin), à la Triennale de Guangzhou et à Performa, New York.

Bibi Seck

Omar Victor Diop

Bibi Seck, né Ibrahima André Seck, est un designer et artiste pluridisciplinaire sénégalais basé à Dakar. Il commence très jeune le dessin, et après des études en design automobile à Paris à CREAPOLE-ESDI, il débute sa carrière chez Renault, où il conçoit pendant quatorze ans des intérieurs automobiles pour des modèles comme la Scénic ou le Trafic. Alors qu’il est designer automobile chez Renault, il imagine dès les années 1990, PAKKA CITY, un monde suspendu à plus de 3000 mètres où l’atmosphère est contaminé par un virus dans l’atmosphère. En 2004, il fonde à New York avec Ayse Birsel le studio Birsel + Seck, mêlant design automobile et réflexion sociale pour des clients internationaux. 

Son travail est caractérisé par la présence de formes organiques, d’humour, de références artistiques diverses. À partir de 2006, il renoue progressivement avec Dakar, où il finit par s’installer. Il y développe une nouvelle pratique du design en impliquant les artisans sénégalais et des matériaux locaux. Son canapé ”Madame Dakar”, réalisé avec des techniques de tressage artisanal sénégalais pour Moroso, est élu parmi les 25 meubles les plus marquants du siècle par le New York Times.  

Dans son approche du design, il parle de « résolution de problème » et pas seulement de style. Les dernières années, il promeut l’artisanat d’Afrique de l’Ouest et défend l’idée d’un design démocratisé. Il dirige actuellement l’atelier-galerie Quatorze Zéro Huit, implanté au centre de Dakar.

Bassirou Wade

Aicha Tamsir Niane

Bassirou Wade, dit Bass, fait des études primaires à Dakar où il entre en apprentissage très tôt au sein d’ateliers de travail du Métal, de Menuiserie-Tapisserie et de Mécanique. Il crée sa propre entreprise–Bass Design–, à Niayes Thiokers et se spécialise dans le secteur artistique et dans la transformation de motos pour des personnes à mobilité réduite. 

Il est membre du collectif AGIT’ART depuis 2016. Sélectionné à la Biennale internationale Design Saint-Etienne, Bassirou entre en collaboration à la fabrication d’Afro Poly avec Fabrice Monteiro. Il a participé à de nombreuses expositions ou festival, comme l”exposition “Wave” au musée Théodore Monod de Dakar (2015), “Grafikama” à Nantes (2016), “La Cloche des Fourmis” à la Biennale de Dakar (2018), “Keur Design #2” à la galerie le Manège à Dakar (2019) ou le festival “Indaba” au Cap en 2017. Il a fabriqué de nombreuses installations artistiques en collaboration avec : Maksaens Denis (Vivi Le Robot 2011, The Past, the Present, The Future, 2017), Selly Raby-Kane (Alien Cartoon, 2014), Emmanuel Louisgrand (Jardin Jet d’eau, 2014 – 2022 Exposition La Serre Biennale Internationale du Design St Etienne), Fabrice Monteiro (Afropoly, 2016), Alexis Preskine (Raft of Meduse, 2016), Leila Adjovi, Prix de la Biennale de Dakar, 2018).

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