El Hadji Sy : Nouvelles Peintures

El Hadji Sy : Nouvelles Peintures 

29 novembre 2025 - 28 février 2026

Vernissage le 29 novembre - 15h-21h 

"Même pour un observateur relativement « peu attentif », les rues de la capitale offrent un spectacle à la fois nonchalant, extravagant et même étrangement insouciante".

 - Ass B'Mbengue, Recalling the Future, in Deliss, Clementine, Seven stories about modern art in Africa,

Whitechapel Art Gallery, Londres 1995, p.232.

Intitulée « El Hadji Sy : Nouvelles Peintures », l'exposition rassemble une série d'œuvres à grande échelle réalisées au cours des quinze dernières années. De face ou de profil, les personnages peints par El Hadji Sy s’imposent aux visiteurs par la force de leur regard et de leur contour. Les visages qu’ils croisent au quotidien s’entrelacent avec ceux des figures légendaires ou historiques, faisant de chaque personnage peint, l’héritier d’une histoire à la fois collective et singulière. L’usage de la couleur s'apparente à une machine à remonter le temps, effaçant finalement les repères spatio-temporels pour se concentrer uniquement sur les figures qui surgissent des cadres comme s'il s'agissait de fenêtres, nous regardant au XXIe siècle.

À l’entrée de la galerie, l'œuvre intitulée « Feu Rouge » (2022) fait référence au réalisateur et artiste Bouna Medoune Seye. De profil, face à un feu de circulation où chaque signalétique de couleur est allumée, l’expression du visage, semblable à un masque traditionnel et immergé dans un bleu vif, signale un certain dérèglement urbain, une alerte.

Les œuvres « Nubien » (2023) et « Pharaon Noir » (2019) évoquent la 25ème Dynastie des pharaons noirs provenant de la Nubie (l’actuel Soudan), qui fut un temps ont régné sur l'Égypte antique. Alors que cette partie de l'histoire a été longtemps oubliée dans l’historiographie égyptienne, ces œuvres confrontent le spectateur à l'immensité de l’histoire passée et des héritages immémorés, en piégeant le visiteur dans un jeu apparent de regards, créant un sentiment de conscience constante.

Dans un jeu de glissement d’identités cher à l’artiste, « L'Homme Caméléon » (2011) révèle un personnage se dissimulant délicatement en une grande feuille, le visage se métamorphosant en une forme botanique. Effet de dédoublement que l’on retrouve dans l’œuvre intitulée « Celle qui porte » (2023), où un reptile en recouvre un autre. Chimère, lézard ou animal fantasmé, celui-ci se démarque par l‘absence de couleur, délaissé au profit du charbon, lui accordant une force impalpable.  

Enfin, trois œuvres datant de 2023 — « L'acrobate », « La danse de la Calabasse » et « Le Ballet » — dépeignent des séquences dynamiques d'arts performatifs sur des toiles grand format. Véritable ode au mouvement, El Hadji Sy peint trois scènes où le corps est mis au défi de performer, que ce soit en dansant ou en réalisant des exercices acrobatiques. Ses arabesques caractéristiques semblent également actives, juxtaposées à des pans de couleur plus sobres sur le fond abstrait, faisant ressortir la silhouette figurative accentuée par l'utilisation de peinture noire par El Hadji Sy pour guider le regard. D'une certaine manière, les figures sont absorbées par les bandes colorées de l'arrière-plan, qui peuvent sembler dociles à première vue, mais qui englobent à la fois un maelstrom visuel, une structure musicale et une rythmique cachée. Corps en lévitation, corps dansant, ces œuvres rappellent l’importance que l’artiste a accordé au corps tout au long de sa carrière. Dans les années 1970, il délaisse les pinceaux pour peindre avec ses pieds, s’affranchissant des dogmes esthétiques des Beaux-arts, et invoque la place accordée au corps dans les expressions culturelles de tout le continent africain. À la recherche de l’équilibre entre formes intentionnelles et accidentelles, la représentation de ces protagonistes anonymes évoquent aussi le corps de El Hadji Sy saisi en pleine chorégraphie face à la toile.

Copyright du texte : Selebe Yoon

29.11.2025-28.02.2026

Biographie de l'artiste

El Hadji Sy

Selebe Yoon

El Hadji Sy a toujours été impliqué dans le développement de l'art et de la culture de son pays à travers des initiatives collectives. En 1977, il fonde le premier Village des Arts dans un ancien camp militaire situé au centre de Dakar. Contraint de fermer, il reprend ensuite un camp chinois et le transforme en ateliers d'artistes, l'actuel "Village des Arts". Tout au long de ces années, il organise des ateliers internationaux avec l'espace de projet et le groupe d'artistes "Tenq" ainsi que "Huit Facettes" un collectif intervenant en milieu rural dont le travail a été présenté à la Documenta 11 en 2002, En 1984,

Il a réalisé plusieurs expositions personnelles telles que : "Les Tambours de la Mer" présentée à Selebe Yoon à Dakar, Sénégal (2023) ; Galerie Barbara Thumm, Berlin, Allemagne (2022) ; Musée de la Rue, Dakar, Sénégal (2020) ; U-jazdowski Castle Center for Contemporary Art, Varsovie (2016) ; "Glass Letters", Bookoo Gallery, Dakar, Sénégal et Biennale de São Paulo (2013-2014) ; BrésilLinda Goodman Gallery, Johannesburg, (1995) ; Paul Waggoner Gallery à Chicago, USA et le Centre Culturel Français, Abidjan, Côte d'Ivoire, Afrique (1981)...

Au niveau international, son travail a été exposé dans de nombreuses institutions à travers plusieurs expositions collectives telles que : "Carnivalesca, What Painting Might Be", organisée par Bettina Steinbrügge, Kunstverein Hamburg, Allemagne(2021) ; "New Images of Man", organisée par Alison M. Gingeras, Blum&Poe, Los Angeles, CA, USA(2020) ; "Disso - Concertation", documenta 14, Kassel, Allemagne (2017) ; la National Gallery, Prague (2016) ; 31e Biennale de São Paolo, São Paolo, Brésil (2015) ; "Art sénégalais d'aujourd'hui", Exposition itinérante, Museum of Fine Arts, Boston, Boston, USA et Chicago Public Library, Chicago, USA (1980)....

L'artiste a fait l'objet d'une rétrospective majeure (peinture, performance, politique) organisée Clémentine Deliss, Yvette Mutumba, Philippe Pirotte et l'artiste lui même au Weltkulturen Museum en 2015.

En 1984, il est invité à constituer une collection d'art contemporain sénégalais pour le Weltkulturen Museum, musée ethnographique de Francfort, et publie à cette occasion la première anthologie des arts du Sénégal, préfacée par Léopold Sédar Senghor en 1989. Cette recherche, publiée un an avant "Les Magiciens de la Terre" au Centre Pompidou à Paris, exposée en 1989, contextualise l'art contemporain au Sénégal et révèle une modernité non occidentale.

Ses oeuvres font partie de plusieurs collections importantes : Weltkulturen Museum (Allemagne), Fondation Blachère (France), David Bowie (USA), Bassam Chaitou/Jom Collection (Sénégal), Kehinde Wiley (USA/Sénégal), Jean Loup Pivin (France). Bien qu'il ait voyagé et exposé à l'échelle internationale,

El Hadji Sy a toujours travaillé et vécu à Dakar, au Sénégal.

À propos d'El Hadji Sy
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